Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, n’a pas dit son dernier mot. Déchu de son mandat parlementaire en raison d’une condamnation pour homicide, confirmée par la Cour suprême, l’élu de l’opposition a annoncé ce lundi le dépôt d’un recours pour dénoncer ce qu’il qualifie de manœuvres politiques orchestrées par le pouvoir.
Élu député lors des législatives anticipées du 17 novembre 2024 sous la bannière de la coalition d’opposition, Barthélémy Dias a vu son mandat suspendu suite à une condamnation à deux ans de prison, dont six mois ferme. Cette condamnation fait écho à l’affaire Ndiaga Diouf, un jeune homme tué par balle en 2011 devant la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur, alors dirigée par Dias. Malgré les années, cette affaire continue de hanter sa carrière politique.
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S’il reconnaît la gravité des faits pour lesquels il a été condamné, Barthélémy Dias fustige une application à géométrie variable des règles. « Vous ne pouvez pas me radier et laisser à l’Assemblée nationale d’autres personnes qui sont définitivement condamnées au prétexte qu’ils auraient suspendu leur mandat », a-t-il dénoncé lors d’une conférence de presse.
Un recours pour dénoncer l’injustice
Barthélémy Dias affirme que son recours dépasse la simple question de son siège à l’Assemblée nationale. « Nous voulons, à travers ce recours, que les Sénégalais puissent voir eux-mêmes si les tenants actuels du pouvoir sont des personnes sérieuses, des personnes de confiance, des personnes qui croient en l’État de droit », a-t-il déclaré avec détermination.
Ce recours s’inscrit dans une volonté affichée de mettre à nu les dysfonctionnements d’un système qu’il accuse d’être aux ordres du pouvoir. Dias laisse entendre que sa radiation n’est qu’une pièce d’un puzzle plus large : « Ce qui est en train de se tramer, ce n’est pas à l’Assemblée nationale. Ce qui est en train de se tramer, c’est autre chose. Et cette autre chose, on y arrivera et on ne l’acceptera pas. »
Un climat politique sous haute tension
Cette affaire s’inscrit dans un contexte électoral tendu, où les relations entre l’opposition et le régime en place sont plus que jamais conflictuelles. La radiation de Barthélémy Dias est perçue par certains analystes comme une tentative de fragiliser la coalition d’opposition à l’approche des échéances électorales de 2025.
Au-delà de son impact immédiat, cette affaire relance le débat sur l’indépendance de la justice au Sénégal et sur la place des condamnés au sein des institutions. Pour l’opposition, cette situation témoigne d’une instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place. Pour les partisans du régime, elle illustre la nécessité de moraliser la vie politique.
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Barthélémy Dias, figure emblématique de l’opposition sénégalaise, se retrouve une fois de plus au cœur de la tourmente. En choisissant de porter cette affaire devant les juridictions compétentes, il ouvre une nouvelle bataille, autant judiciaire que politique, avec pour enjeu la crédibilité des institutions et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Alors que le Sénégal s’apprête à entrer dans une nouvelle année cruciale sur le plan politique, l’issue de ce bras de fer pourrait bien redéfinir les rapports de force entre pouvoir et opposition.
Prince Beganssou
Sénégal : Barthélémy Dias perd son siège de député après une condamnation judiciaire