Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a dévoilé devant l’Assemblée nationale les besoins de financement de l’État pour l’année 2025, estimés à 1195 milliards de francs CFA (soit 2,06 milliards de dollars). Dans un contexte économique tendu, il a appelé à une mobilisation collective autour d’une stratégie de redressement ambitieuse.
Cette annonce intervient alors que le pays fait face à une situation budgétaire préoccupante, marquée par la suspension du programme d’appui du Fonds monétaire international (FMI). En cause : un audit de la Cour des comptes qui a mis en lumière des passifs budgétaires non déclarés, à hauteur de près de 7 milliards de dollars, révélant un endettement bien plus élevé qu’annoncé – 99,7 % du PIB, contre 74,4 % initialement avancés.
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Pour restaurer la confiance et stabiliser l’économie, le chef du gouvernement a présenté un plan de redressement sur deux ans, articulé autour de trois piliers : réduction des dépenses, élargissement de la base fiscale et diversification des sources de financement. Parmi les solutions envisagées, figure le recours aux sukuk, des obligations compatibles avec la finance islamique, destinées à séduire les investisseurs du Moyen-Orient.
« Le Sénégalais doit se familiariser avec le fait de payer l’impôt », a lancé Ousmane Sonko, plaidant pour un effort fiscal citoyen afin de garantir la souveraineté budgétaire du pays. Selon lui, un accord avec le FMI pourrait permettre de ramener les besoins de financement à 155 milliards FCFA d’ici 2029.
Débat relancé sur le franc CFA
Fervent défenseur d’une plus grande indépendance monétaire, Sonko a profité de son intervention pour remettre en question l’arrimage du Sénégal au franc CFA, monnaie commune des pays de l’UEMOA. « Le FCFA ne cadre pas avec notre vision. Soit la monnaie sera changée avec nos partenaires, soit nous prendrons nos responsabilités », a-t-il déclaré, sans toutefois fixer de calendrier pour cette réforme sensible.
Une confiance régionale encore présente
Malgré les incertitudes économiques, la récente levée de fonds du Trésor public a été sursouscrite, traduisant une confiance relative des investisseurs régionaux. Une nouvelle émission obligataire est prévue le 18 avril sur le marché régional, un test crucial pour évaluer l’attractivité du Sénégal dans ce contexte.
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Alors que le pays cherche à rétablir l’équilibre et à diversifier ses partenaires financiers, tous les regards sont désormais tournés vers la suite des négociations avec le FMI et les choix que le gouvernement fera pour renforcer sa souveraineté économique.
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