Journée dédiée à la Côte d’Ivoire au Salon international de l’agriculture de Paris (SIA) 2024. Intégralité de l’intervention du ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré.
C’est avec un grand honneur que je m’adresse à vous aujourd’hui en marge de la 60ème Édition du Salon International de l’Agriculture de Paris. Cette rencontre avec le 1er réseau d’Affaires privé français à l’international est un important rendez-vous pour vous présenter les atouts et opportunités d’investissements du secteur des ressources animales et halieutiques.
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Mesdames et messieurs
En Côte d’Ivoire, L’élevage, la pêche et l’aquaculture sont des secteurs indispensables à la sécurité alimentaire, au développement des communautés mais également sont sources de création de richesse et de sécurité alimentaire.
Notre intervention ce soir donc structurée autour de 03 points majeurs à savoir :
La Présentation des potentialités et des défis du secteur des ressources animales et halieutiques de la Côte d’Ivoire ;
La niches d’investissements dans le secteur ;
Et les mesures et outils mis en place pour faciliter et protéger les investissements.
La Côte d’Ivoire présente d’énormes potentialités naturelles. Un réseau hydrographique dense, des parcours immenses et des terres arables propices à la pêche et à l’élevage. La Côte d’Ivoire abrite une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200 nautiques sur 280, comprenant des exploitations offshores, des zones de pêche, une magnifique et riche façade maritime de 550 km.
Elle dispose également de plusieurs espaces susceptibles de servir de support à une production aquacole, à savoir 12 000 km² de plateau continental, 36 000 ha de retenues d’eau constituées de lacs hydroélectriques, hydroagricoles et agropastoraux, 1200 km² de lagunes et 100 000 ha de bas-fonds propice. Aussi, la pratique aquacole peut coexister avec l’activité agricole sur les nombreux bas-fonds aménagés sur l’ensemble du territoire. Ce réseau d’eaux de surface constitue 1,3% du territoire national.
La Côte d’Ivoire dispose de 11 millions d’hectares de parcours propices à la production d’animaux domestiques ainsi que de leur alimentation à travers la valorisation des produits et sous-produits agricoles et agro-industriels. L’atout majeur pour le développement du secteur des ressources animales et halieutiques ne demeure pas moins le capital humain avec une population nationale estimée à 28 millions d’habitants en 2021 et constituée d’une forte proportion de jeunes estimé à 75%.
Le secteur bénéficie d’autres atouts en termes d’infrastructures. Effet, La Côte d’ivoire dispose de 10 ranches et stations d’une superficie totale de 180 000 ha, de plusieurs barrages et retenues d’eau pour le développement de l’élevage et de l’aquaculture.
Le potentiel de la Côte d’Ivoire en matière de développement du secteur des ressources animales et halieutiques est sous-exploité. Il constitue une réelle opportunité d’investissements, surtout face aux déficits de couverture des besoins par la production nationale. En effet, la production nationale ne couvre que :
44% des besoins en viandes (Bovins, ovins, caprins et volaille…),
19,1% des besoins en lait ;
16% des besoins en produits halieutiques.
Le gouvernement ivoirien à travers le ministère des Ressources animales et halieutiques s’est fixé des objectifs de souveraineté alimentaire en produits animaux et halieutiques. La projection de la couverture des besoins de consommation des populations en produits animaux et halieutiques est de plus de 65 % en 2026 contre 26,7% en 2019.
Ce qui réduira substantiellement les importations en produits animaux et halieutiques et la sortie de devise de plus de 450 milliards de FCFA, soit plus de 686, 87 millions d’euros. En outre, les investissements ciblés dans le secteur permettront la création de plus de 700 000 emplois directs et 1 500 000 emplois indirects.
Mesdames et Messieurs,
Les GAP de production et nos difficultés à couvrir les besoins nationaux à partir de la production locale, engendre des importations massives de produits animaux et halieutiques. L’atteinte de l’autosuffisance en produits animaux et halieutiques requiert la mise en place d’unités de production dans toute la chaine de valeurs du secteur.
AU NIVEAU DE L’AQUACULTURE
On note l’existence d’un marché en évolution constante du fait d’un taux de croissance démographique élevé (2,6% ) et la forte propension de la population à consommer du poisson d’une part, et d’autre part du fait du déficit chronique de la production nationale de poisson qui ne couvre qu’environ 17% des besoins nationaux. Ceci constitue une opportunité réelle de développement de la pisciculture.
Les investissements peuvent concerner deux niches majeures. La première opportunité est la mise en place d’unités de production aquacoles (poissons marchands). En effet, la production aquacole nationale évaluée à environ 6 500 tonnes en 2021, est largement inférieure à l’objectif de production de 150 000 tonnes affichée pour l’horizon 2026. Ainsi, une véritable opportunité d’investissement en découle pour un montant potentiel de 225 milliards de FCFA soit 343, 44 millions d’euros.
La seconde opportunité concerne la mise en place d’unité de production d’intrants aquacoles. En effet, l’atteinte de l’objectif de 150 000 tonnes de poissons est assujettie à la fourniture et la satisfaction des besoins en intrants évalués à 600 000 000 alevins soit un chiffre d’affaires de 120 milliards de FCFA (183,17 millions d’euros) et 2 250 000 tonnes d’aliments, pour un chiffre d’affaires de 240, 82 milliards de FCFA, soit 367, 58 millions d’euros.
AU NIVEAU DE LA PÊCHE :
La flotte de la pêche artisanale est estimée à environ 1991 embarcations motorisées à 68% dont plus de 50% ont au moins 10 ans la majorité est en bois. Cela représente un potentiel de renouvellement de la flotte de l’ordre de 2,707 milliards de FCFA (4,13 millions d’euros) qui constituent une niche pour la mise en place d’usines de fabrication et de réparation des embarcations et engins de pêches.
Le « filet maillant » est un engin de pêche passif et sélectif qui ne capture que les poissons correspondant au maillage choisi. Ils représentent 64% des engins de pêche utilisés. Ainsi, au vu du nombre d’embarcations, la production de « filet maillant » représente un potentiel d’investissement de 11,264 milliards de FCFA soit 17,20 millions d’euros.
AU NIVEAU DES PRODUCTIONS ANIMALES
Le sous-secteur des productions animales est composé de filières majeures notamment : la filière Bétail-viande et lait comprenant les spéculations bovines et son volet laitier, les petits ruminants (ovins et caprins), la filière porcine et la filière avicole.
La mise en place d’unités de production de produits d’élevage de ruminants et de porcs à travers d’une part des Partenariats Publics Privés sur les ranches et stations, et d’autre part des fermes de productions intensives constitue un réel attrait d’investissement.
L’objectif de production de viande affiché à l’horizon 2026 est 42 219 tonnes de viande bovine, 25 000 tonnes de viande ovine, 25 000 tonnes de viande de porcs correspondant à un chiffre d’affaires cumulé de 268,213 milliards de FCFA (409,39 millions d’euros).
La production nationale de lait en Côte d’Ivoire, en majorité d’origine bovine, représente environ 17% de la consommation nationale estimée à environ 200 000 TEL. Le reliquat fait l’objet d’importations extra africaines pour satisfaire les besoins nationaux en lait et produits laitiers. L’objectif de production affiché pour renverser la tendance à l’horizon 2026 est de 68 000 tonnes de lait correspondant à un chiffre d’affaires de 54,338 milliards de FCFA (82,890 millions d’euros).
La mise en place d’unités agro-industrielles comprenant un volet production laitière et un volet traitement et transformation se positionne comme un investissement de choix au regard de la place du lait dans les habitudes alimentaires de la population.
Mesdames et Messieurs,
Ces différents investissements permettront de nous rapprocher de notre objectif de la souveraineté alimentaire avec une couverture de plus de 65 % des besoins de consommation des populations en produits animaux et halieutiques en 2026 contre 26,7% en 2019. Ce qui réduira substantiellement les importations en produits animaux et halieutiques et la sortie de devise de plus de 450 milliards de FCFA.
OUTILS ET MESURES DE FACILITATION ET DE PROTECTION DES INVESTISSEMENTS
Mesdames, Messieurs,
Pour relever le défi du développement du secteur des ressources animales et halieutiques, le Gouvernement ivoirien, à travers le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, a mis en place de nouvelles orientations politiques. Ainsi, La Politique Nationale de Développement de l’Élevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA) 2022-2026, déclinaison sectorielle du PND 2021-2025, constitue désormais le cadre global de politique gouvernementale du secteur.
Adoptée en janvier 2022 par le Gouvernement, la PONADEPA constitue l’unique cadre harmonisé de l’ensemble des interventions dans le secteur des ressources animales et halieutiques. D’un coût global évalué à mille quarante-neuf milliards quatre cent quarante-deux millions six cent quarante-trois mille six cent quatre-vingts (1 049 442 643 680) de FCFA, la PONADEPA regroupe en son sein cinq (05) stratégies nationales de développement sous sectorielle. Une contribution significative du secteur privé est attendue pour l’atteinte des résultats escomptés de la mise en œuvre de la PONADEPA.
Mesdames et Messieurs,
Pour un accompagnement efficace du secteur privé dans le financement du secteur des ressources animales et halieutiques, le Gouvernement a mis en place des instruments et mesures de soutien à l’investissement.
Le premier instrument innovant mis en place est le modèle des Centres d’Applications et de Spécialisations (CAS). Ce modèle constitue une nouvelle approche de mise en œuvre des projets et vient répondre aux contraintes majeures des filières animales et halieutiques par l’adressage des problématiques de l’ensemble des chaînes de valeur.
Les Centres d’Applications et de Spécialisations sont des entités fonctionnelles et opérationnelles mis en place à travers des projets ou tout autre accompagnement public et privé. Ils sont porteurs d’initiatives en matière de développement des filières du secteur. Ils sont dédiés à :
La recherche et au développement des filières concernées ;
L’appui à la formation des bénéficiaires et à l’encadrement des aquaculteurs, des pêcheurs et des acteurs de la chaîne de transformation, de distribution, des fabricants d’aliments etc. ;
L’insertion-emploi pour les jeunes et les femmes.
L’accès au financement constitue une des contraintes majeures au développement du secteur. Pour y répondre, l’Etat a autorisé la mise en place du Fonds de Promotions des Productions Animales et Halieutiques.
Ce fonds est un dispositif de financement en voie de développement pour la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement de l’Elevage, de la Pêche et de l’Aquaculture et l’appui aux différents acteurs. Il Fournira aux projets/programmes, aux services du MIRAH et aux acteurs en particulier le secteur privé, l’assistance technique, financière et matérielle nécessaire à l’accomplissement de leurs tâches respectives.
Mesdames et Messieurs,
L’Etat, dans sa politique de soutien au secteur privé a mis en place un système d’exonération sur les produits, matériels et aliments et produits destinés au secteur. Ainsi par dérogation à l’article 3 du code des Douanes, les éléments tels que les Œufs à couver destinés à l’aviculture, les Matières premières et aliments destinés aux animaux (soja, …), les Matériels d’élevages (abreuvoir, …), les Matériels de pêche (filet, …), les Produits vétérinaires sont exonérés des taxes à l’entrée sur le territoire.
Au titre de l’année 2022, l’exonération des produits, matériels et intrants vétérinaires et d’élevage destinés au secteur, accordée aux importateurs est évaluée à plus de 3 milliards FCFA.
CONCLUSION ET APPEL A L’INVESTISSEMENT
Mesdames et Messieurs,
Nous pouvons, pour cette année 2024, année de la Sécurité alimentaire décrétée par Monsieur le Président de la République, Son Excellence Alassane OUATTARA, induire que les principales réformes que le MIRAH entend engager se feront au regard de la volonté et des ambitions de couverture des besoins en consommation des populations.
Je terminerai mon intervention en rappelant les d’énormes potentialité en termes de ressources naturelles et de compétences humaines que regorge le secteur des ressources animales et halieutiques.
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Toutefois, malgré l’important potentiel dont elle dispose la Côte d’Ivoire reste tributaire des importations massives de denrées animales et d’origine animale. Ainsi pour pallier cette problématique, plusieurs investissements doivent être réalisées notamment par le secteur privé.
JE VOUS REMERCIE
SIDI TIEMOKO TOURE
intervention Sidi Tiémoko Touré