La petite localité de Bapo, nichée dans le département de Jacqueville, à 6,5 km du village d’Akrou et à 5 km de la ville, se retrouve au cœur d’une vive controverse. Située en bordure de la lagune Ebrié, cette communauté a connu un conflit qui divise les habitants. Herman Tékri Loïc, président des jeunes de Akrou, s’est exprimé avec fermeté lors d’une manifestation tenue le samedi 24 février 2024. La raison de leur mécontentement ? Une nomination de chef contestée sur le territoire d’Akrou, dans le village Aladjan de Bapo.
Selon le président des jeunes d’Akrou, ce différend prend racine dans l’arrivée de nouveaux venus sur ces terres considérées comme ancestrales par les habitants d’Akrou. Principalement des Béninois pêcheurs, et des Aïzi venus d’un village voisin d’Alaba, se sont établis dans le but de développer une activité commerciale autour de la pêche. Une collaboration fructueuse, jusqu’à l’érection du pont de Jacqueville, ouvrant ainsi la voie à une arrivée massive d’opérateurs immobiliers.
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Face à cette évolution, les habitants de Bapo ont exprimé leur volonté de faire reconnaître leur localité en tant que village à part entière, nécessitant un arrêté ministériel. Cependant, cette démarche est vivement contestée par les jeunes d’Akrou, soutenus par leurs aînés.

Pour Herman Tékri Loïc, le projet en cours est orchestré par le sous-préfet d’Attoutou, avec le soutien du président de l’association des chefs Aïzi. Leur visite prévue à Bapo le samedi 24 février 2024 avait pour objectif d’organiser une consultation publique en vue de prendre un arrêté ministériel reconnaissant Bapo en tant que village. Une décision que les jeunes d’Akrou rejettent catégoriquement, « Nous n’avons pas de problème avec nos frères Aïzi, mais c’est leurs manières de se comporter qui nous pousse à réagir ainsi », a déclaré le président des jeunes de Akrou, poursuivant : « Si Bapo doit devenir un village, c’est le village haute Akrou qui doit désigner un chef pour les administrer, afin que nos biens soient protégés ».

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Cette opposition soulève des questions de gouvernance locale et de droits fonciers, révélant des tensions latentes entre les différentes communautés cohabitant dans cette région. Alors que les négociations se poursuivent, l’avenir de Bapo demeure incertain, suspendu entre les revendications des uns et des autres.
Ignace Konan (stagiaire)