Une tentative de révolte a éclaté ce lundi 14 avril 2025, au sein du Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA), ex-Maca, jetant une lumière crue sur les conditions carcérales en Côte d’Ivoire. L’incident, d’une rare intensité, a vu plus de 14 000 détenus se rassembler dans la cour centrale malgré les consignes strictes de l’administration, provoquant cris, coups de feu et chaos à l’intérieur de la prison.
Selon le communiqué officiel de l’Administration Pénitentiaire, cette flambée de violence trouve son origine dans une mesure de régulation mise en place pour lutter contre les trafics, notamment celui de drogue, dans les espaces communs du centre pénitentiaire.
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“Depuis quelque temps, l’administration pénitentiaire a engagé une lutte acharnée contre l’introduction et la circulation des substances interdites, notamment de la drogue, dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire. Ainsi, diverses quantités de drogue ont été saisies à la Maison d’Arrêt et de Correction de Bouaké, à la Maison Pénale de Bouaké et récemment au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan”, a fait savoir Célestin Doheuly Kamin, le directeur de l’administration pénitentiaire, dans son communiqué.
“Dans le cadre de cette lutte, le Directeur de l’Administration Pénitentiaire a pris, conformément à l’article 12 de l’arrêté n°209/MJDH/DAP du 18 août 2023 portant création du Pôle Pénitentiaire d’Abidjan, la note de service n°127/MJDH/DAP du 21 février 2025, pour réglementer la gestion des espaces communs, notamment de la cour centrale de promenade, devenue le principal lieu de tous les trafics”, a-t-il poursuivi.

Puis d’ajouter : “C’est à l’application de cette mesure que, ce lundi 14 avril 2025, des détenus se sont opposés, allant jusqu’à démolir certaines installations, notamment les grilles de séparation des différents établissements pénitentiaires.” La cour de promenade, identifiée comme le « principal lieu de tous les trafics », a été ciblée par une note de service réglementant son accès et son utilisation. Mais l’application de cette disposition a été vivement contestée par les détenus.
De ce fait, les forces de l’ordre police, gendarmerie et agents pénitentiaires sont intervenues pour contenir l’émeute. Après plusieurs heures de tension, l’ordre a été rétabli. Aucun décès n’est à déplorer, selon le directeur de l’administration pénitentiaire, Célestin Doheuly Kamin, mais douze détenus ont été blessés et immédiatement pris en charge par les services de santé.
Derrière cet épisode de violence, c’est un malaise plus profond qui refait surface : la surpopulation carcérale, les conditions de détention précaires et l’inefficacité des dispositifs de réinsertion. La Maca, conçue pour environ 1 500 détenus, en abrite aujourd’hui plus de neuf fois ce nombre.
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Un chiffre vertigineux qui pose la question de l’humanisation des peines et de la capacité de l’État à assurer à la fois sécurité et dignité dans ses établissements de détention. La tentative de mutinerie de ce 14 avril 2025 est un signal d’alarme. Un appel à repenser en profondeur le système carcéral ivoirien, au-delà des mesures sécuritaires.
Prince Beganssou
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