« En créant le fumeux CNT, le PDCI et ses acolytes tentaient tout simplement de perpétrer un coup d’État qu’il fallait être bien naïf ou bien gâteux pour croire qu’il aurait pu prospérer », a déclaré, dans sa chronique publiée dans Fraternité Matin, ce samedi 18 février 2023, Venance Konan. Ci-dessous l’intégralité.
Mes très chers amis du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) m’ont fait l’honneur de publier dans plusieurs de leurs journaux et sur les réseaux sociaux des articles que j’avais écrits, il y a plus de vingt ans, à l’époque où je soutenais M. Bédié dans son combat contre M. Ouattara. Je n’ai jamais renié ces écrits. A cette époque, rappelons-le, M. Bédié, Président de notre République, avait convaincu certains d’entre nous que M. Ouattara n’était pas Ivoirien, et il avait même lancé un mandat d’arrêt international contre lui, pour usurpation de la nationalité.
C’était bien avant qu’il ne l’appelle son « petit frère », qu’il n’appelle à voter pour lui en 2010, et qu’en 2015, il ne déclare que le troisième pont que M. Ouattara avait construit lui valait un second mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, qu’il ne remercie chaleureusement et publiquement son « frère Ouattara » pour l’aide qu’il lui avait apportée lors des obsèques de son frère Marcellin. Eh oui ! Les temps changent. Les hommes aussi.
Venance Konan revient sur le coup d’Etat du CNT tenté par le PDCI
Cela dit, j’ai relu attentivement mes anciens papiers et je n’y ai pas trouvé de réponse à ces deux questions que j’avais posées aux responsables du Pdci : qu’est-ce qui, aujourd’hui, constitue à ce point une menace sur la paix en Côte d’Ivoire pour que le président du Pdci interpelle publiquement le Président de la Côte d’Ivoire, lors de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny à madame Angela Merkel ? Qu’est-ce qui, depuis que M. Ouattara est Président de la Côte d’Ivoire, a fait courir des risques sur la paix dans ce pays ? C’est de cela qu’il s’agit, et non de ce que j’ai dit ou écrit, il y a vingt ans. Si le Pdci n’a pas réponse, moi j’en ai.
La réponse à la seconde question est que c’est M. Henri Konan Bédié qui, à travers son appel à la désobéissance civile, a causé la mort de plusieurs personnes et la destruction de nombreux biens. J’affirme qu’en créant le fumeux CNT, le PDCI et ses acolytes tentaient tout simplement de perpétrer un coup d’État qu’il fallait être bien naïf ou bien gâteux pour croire qu’il aurait pu prospérer. Si les militants du Pdci estiment qu’il est digne, pour un ancien Président de près de 90 ans, de lancer une telle opération, sous le prétexte qu’ils ne sont pas d’accord avec la candidature de quelqu’un, je leur en laisse la responsabilité.
A Yamoussoukro, le président du Pdci a déploré que son pays ne s’engage pas dans un dialogue franc et sincère. Et pourtant, en mars dernier, le gouvernement, les partis d’opposition et la société civile avaient signé le rapport final du dialogue politique qui préconisait un certain nombre de recommandations destinées à préparer un climat apaisé en vue des prochaines échéances électorales.
Henri Konan Bédié, à travers son appel à la désobéissance civile, a causé la mort de plusieurs personnes
Le Pdci était représenté par son vice-président Niamkey Koffi, qui avait alors déclaré : « Nous nous sommes félicités de la qualité du contact que nous avons eu avec le gouvernement, il y a eu beaucoup de transparence et de bonne volonté et nous pensons que cette volonté va impulser la volonté de construire ensemble. Nous n’avons pas d’a priori, mais nous restons confiants. » Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que le président du Pdci se sente obligé d’interpeller, comme il l’a fait, les tenants actuels du pouvoir en Côte d’Ivoire sur l’absence de volonté d’établir un dialogue avec l’opposition ?
Quel est le point qui tient tant à cœur à M. Bédié pour qu’il profite de la tribune à lui offerte par la remise du prix Houphouët-Boigny pour faire cette sortie de route ? C’est à cela que nous demandons aux suiveurs de M. Bédié de répondre. Il s’agissait ce jour-là, de célébrer l’homme de paix que fut Houphouët-Boigny et de rendre hommage à la lauréate de son prix. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour faire cette sortie qui ressemble plus à une mesquinerie qu’à autre chose. Mais trêve de bavardage.
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Le pays est au travail, pour le bonheur des Ivoiriens, et c’est ce qui compte. Nous avons encore trop de défis à relever pour nous perdre dans les combats d’arrière-garde. Mettons-nous tous aussi au travail, au lieu de rester dans son coin à ronchonner, à se proclamer premier défenseur du peuple et à se persuader que l’on fait peur à quelqu’un. Il est bien de jeter de temps en temps des coups d’œil dans le rétroviseur, mais à trop ressasser son passé que l’on croit glorieux, on finit par avouer que l’on est devenu has-been.
Venance Konan