Venues des pays limitrophes en Côte d’Ivoire :  Du rêve à la prostitution pour des filles

0
989
=

Venues du Ghana ou du Nigéria pour la Côte d’Ivoire pour servir d’aide de maison, la plupart des filles rencontrées à l’image d’Habiba et d’Affia B au maquis-bar Black and white dans le quartier Marie-Thérèse où à l’ex-maquis Celta dans le quartier de Dallas  dans la commune d’Adjamé sont devenues des victimes prises aux pièges par des pseudo bienfaitrices transformées en entremetteuses qui les obligent à se prostituer.

Dans les rues de Dallas et de Marie-Thérèse, des quartiers de la commune d’Adjamé, se déroulent tous les jours de la semaine de flacon constante les activités dans un calme plat. Tous les trottoirs sont occupés par des maquis ou des bars bondés de vendeuses de poulets ou poissons grillés et autres mets où de groupes de jeunes gens bavardent avec animation.  Dans certains de ces maquis et bars s’y déroulent le plus vieux métier du monde où des jeunes filles vivent des calvaires.

 Le procédé

Si l’amour vénal est le choix de certaines jeunes filles, ce n’est pas le cas pour Habiba et Sandé liées par le même sort ; celui d’être des prostituées à leur corps défendant. Cette pratique embarrassante est devenue aujourd’hui plutôt un business fleurissant pour des personnes vicieuses et mal intentionnées usant de stratagèmes pour berner les parents et leurs victimes ( des jeunes filles).

A lire aussi : Retrait du décret de 2010 une semaine après son annonce : Le courrier de Vagondo à Kuibiert qui a motivé le retropédalage de la CEI

L’histoire est simple mais diffère d’une victime à une autre.  Selon les témoignages recueillis, elles ont été emmenés en Côte d’Ivoire par le biais d’une ‘’tante’’. Le seul lien de parenté qui les lie, c’est qu’elles viennent de la même région ou du même village. Ces dames, vendeuses de rêves, se présentent au pays comme des femmes d’affaires, notamment des tenancières de magasins, de restaurants ou des gérantes de société de placement.

Auprès des parents, elles disent vouloir chercher une aide pour faire avancer son business et elles ont besoin de main d’œuvre pour répondre aux sollicitations notamment en Côte d’Ivoire où selon elles, il y a une forte demande de main-d’œuvre. Ayant convaincues les parents, elles s’entendent avec ces derniers pour fixer les modalités de l’embauche et la somme qu’elle percevra pour soutenir la famille restée au pays. Dans le contrat, elles s’occupent du voyage jusqu’en terre ivoirienne. A savoir, tous les papiers administratifs, l’hébergement, etc.

Une fois arrivé en Côte d’Ivoire, la réalité est toute autre. La ‘’tante’’ récupère et confisquent les papiers de la jeune fille. Ces victimes font le constat très amer d’avoir été recrutées par une proxénète au lieu d’un magasin ou d’un restaurant. Elles se retrouvent à la surprise générale dans des maquis-bars où elles sont des serveuses payées à la tâche.

Habiba et Affia B expliquent que ce qu’elles gagnent, est récupéré par la ‘’tante’’ puis partagé en deux. Au début, elles ne perçoivent rien car elles doivent rembourser les frais de voyage de la ‘’tante’’. A l’ex-maquis Celta’’ refusant dès les premiers instants à se soumettre à l’exercice, Habiba fait savoir qu’elle a été battue et privée de nourriture pendant plusieurs jours. Idem, pour Affia B. Se rendant compte de la supercherie, elle va fuir avant d’être obligée de revenir sur ses pas chez la  ‘’tante’’ hôte  vu qu’elle est sans ressource, sans papier et ne connaissant personne à Abidjan.

Piégées, elles sont obligées de jouer le jeu de l’entremetteuse. « Je vis en Côte d’Ivoire depuis 3 ans. Au début ce n’était pas facile mais avec le temps je m’y fais. Quand je suis arrivée c’était pour aider Madame dans sa boutique. Je n’ai jamais fait cela auparavant. Je venais pour économiser et puis me payer une formation en couture dès mon retour au pays. », indique la jeune Habiba.

Quant à Affia B, gênée, elle a du mal à nous répondre, elle a la tête baissée. Elle n’arrive toujours pas à s’y faire. Elle est même en larme, quand elle prend la parole. « Je viens d’un village situé au Ghana. C’est par la grâce de Dieu que je suis encore vivante. Ne supportant plus, je me suis enfuie mais sans papier, sans l’argent et sans connaissance à Abidjan, il m’est difficile de tenir donc je suis revenue. Puisque je suis dépossédée de mes papiers, je ne peux pas rentrer au pays J’ai été battue même par la tante en question », explique-t-elle en sanglot.

Au ‘’black white’’ il s’agit de jeunes filles nigérianes et Sandé O qui est là depuis plus d’un an, explique comment elle est arrivée dans cet endroit. «  Lorsque la patronne du lieu est venue me chercher dans notre village, je devais travailler comme fille de ménage dans une grande maison. Mais c’est plutôt dans un maquis que je me retrouve. Je suis obligée de me prostituer», souligne-t-elle dépitée. Et d’ajouter, « elle détient mes papiers, m’obligeant ainsi à lui restituer les frais du voyage et de l’hébergement. Par nuit, je peux avoir deux à trois clients, pour la somme de 2500 frs l’heure. ».

Ce qui s’y passe

Malheureusement cette pratique est de plus en plus courante à Abidjan. Ainsi plusieurs filles sont prises en otage par leurs entremetteuses, les obligeant ainsi à se livrer à la prostitution. Il y a des bars spécialement pour cette pratique. « Quand tu rentres dans ces bars, les jeunes filles sont à moitié nues. Le seul mot de passe pour que les filles viennent vers toi, il faut être un bon client et un bon consommateur. Ayant fait ton choix, vous discuterez le coût de sa présence si d’aventure ça devrait aller au-delà d’un simple flirt », explique un client sous le couvert de l’anonymat.

Et d’ajouter, « au marquis ‘’black and white’’, après la consommation et après avoir repéré la fille, rendez-vous non pas dans un hôtel mais au propre domicile de cette dernière pour des rapports sexuels. Vous aurez à débourser la somme de 2000 francs FCFA, l’heure dans leurs chambres ».

Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente

Il explique que les stratégies varient d’un maquis à un autre. « Il y a aussi des maquis où les jeunes filles se font passer pour des clientes et attendent leurs proies. Le client qui y arrive ne sachant pas, est tombe dans leur jeu. Il achètera à boire, à manger et puis c’est parti soit pour l’hôtel ou soit chez le client », s’est-il souvenu.

Laurence Oulai

Venues des pays limitrophes en Côte d’Ivoire :  Du rêve à la prostitution pour des filles


=

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici